La Grande coupure – Philosophie du témoignage

Philippe Bouchereau, La grande coupure. Essai de philosophie testimoniale. Classiques Garnier, 486 p., 48 €

Par Marianne Dautrey,
Un livre fondamental

L'Intranquille

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Philippe Bouchereau, La grande coupure. Essai de philosophie testimoniale. Classiques Garnier, 486 p., 48 €

Par Marianne Dautrey,  7 mai 2019

Un livre fondamental paru au printemps 2018 est resté sans écho: La grande coupure. Essai de philosophie testimoniale. Peut-être l’ampleur et l’immensité de la tâche que s’est assignée son auteur, le philosophe Philippe Bouchereau, ont-elles paralysé l’écriture de bien des chroniqueurs ou critiques : prendre la mesure de la « coupure » anthropologique ouverte par ce qu’il appelle la « logique » génocidaire apparue au XXe siècle ; en réfléchir les conditions de possibilité historiques, pratiques, théoriques, existentielles ; en tirer les conséquences, non seulement pour en écrire l’histoire, mais surtout pour en faire prendre conscience à la communauté humaine à venir, qui en dépend.

On a peut-être le sentiment d’avoir déjà lu tant de livres sur le témoignage qu’on n’a pas perçu la force de cette recherche : les réflexions de…

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Greta Thunberg, comme une boxsœur de punchline : « How dare you ? »

Lire peu ou Proust

« Dear Greta » flagornent les dirigeants du monde, la bouche flateresse qui porte aux nues.
« How dare you ? » rétorque Greta Thunberg, les yeux furieux.

Elle vole comme un papillon et pique comme l’abeille. Ses yeux dardent des éclairs. Ça vous fout droit le plus voûté de l’assemblée. Greta Thunberg sonne l’alarme et y’a qu’elle qui raisonne. A l’Onu, c’est le ring ! de Mohamed Ali.

Comme une boxsœur de punchline : « How dare you ? »

Sa chaise donne, anglais oblige, la chair de poule. Rien d’un sitting mais un stand up for our climate and our rights.
Up’percute. La bosse au bout du poing verbal révèle le discours creux de l’adversaire. Dans l’assemblée certains méritent juste d’être traités de salle comble.

Elle est lassée des contes de fées racontant une croissance économique éternelle et cette fairy tale qui, sur le plan des négociations, n’a…

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« Molière oblige les acteurs à la vérité » Michel Bouquet raconte Molière … #lacauselit

La discrétion éblouissante de Michel Bouquet ne pouvait que croiser le génie de Molière. Le grand comédien joue ici le théâtre de l’écriture. Et l’écriture s’amuse à plagier le théâtre. C’est une pièce en 1 acte. Elle célèbre les étapes de la vie de Molière en progressant au gré de l’œuvre. Des intermèdes scandent en creux le déroulé en spirales. Ces sont les témoignages que le comédien confie au lecteur : sa vocation, le Tartuffe, Dom Juan, Le Misanthrope, L’Avare, Le Malade imaginaire. Une sorte de système dynamique de poupées russes en 3 ou 4 D.

Trop modeste, Michel Bouquet raconte. Et la simplicité de l’amour irrigue chaque phrase. Simplicité chère à Molière. « Contrairement à la vision cosmique et universelle d’un Shakespeare, Molière part de la vie des gens, et atteint la grandeur par en dessous ». Ajoutons sans risque : grandeur absolue de Molière. « Molière a ceci de particulier : on est toujours en retard sur lui, notre quête est infinie ».

suite de la chronique sur la cause litteraire

un savoir gai de William Marx

Un gai savoir procède sous règne de la liberté. Rares sont les ouvrages irrigués par une vraie liberté de l’esprit. Rares sont les vies traversées par de vraies libertés de mouvement. Excellents sont les vrais philosophes, brillants et discrets. Sublimes sont les artistes qui rendent un peu plus visible ce qui était invisible dans l’aveuglement majoritaire.

William Marx est un subtil philosophe-artiste au sens le plus nietzschéen du terme. Nourri de philologie, il goûte aussi les plaisirs (et les tristesses) de la vie. D’où – peut-être – la convocation de soi. Autant se tutoyer en public – avec une infinie pudeur et l’humour joyeux quasi permanent.

Plus qu’un témoignage, moins qu’un traité. Plus qu’un essai, moins qu’un exercice d’admiration – et sans doute, le contraire – Un savoir gai de William Marx n’est pas Le gai savoir de quoi que ce soit. C’est parce qu’il échappe aux codes majeurs de toutes les majorités que ce livre est très important. L’apparence de l’abécédaire ne s’offre que pour rire : il s’agit plutôt d’une composition sérielleoù l’authenticité de plans de vie est conjuguée sans théorie, où les clins d’œil complices s’ajustent aux plus belles références (de Platon à Jean Genet). Et le découpage en 33 blocs n’est qu’un clin d’œil à Dante, comme le titreà Nietzsche.

article complet ici :

http://www.lacauselitteraire.fr/un-savoir-gai-william-marx

Savants, qui êtes-vous ? de Didier Bazy et Sylvie Serprix

🤓

Les Lectures d'Azilis

Pour de vrai

Auteur : Didier Bazy

Illustratrice : Sylvie Serprix
48 p.

Bulles de savon, 2017

A partir de 10 ans

résuméMarie Curie, Albert Einstein, Hypatie, Galilée et les autres grandes figures savantes nous montrent les chemins buissonniers et rigoureux de l’expérimentation scientifique.

Suivons-les dans leurs découvertes. Bien des lois de la nature demandent encore à voir le jour.

 
cequejenaipensé Sixième volume de la collection Qui êtes-vous de Bulles de savon consacré cette fois-ci à 18 savants. Des pionniers de la science, hommes et femmes.
Cette collection s’est déjà penchée sur les écrivains, les peintres, les poètes, les explorateurs et les rebelles. C’est donc très logiquement qu’elle se penche cette fois-ci sur les savants. Cette immense album offre dix huit portraits en double page. Une est consacré à un portrait représentant le savant avec un clin d’œil à sa découverte. L’autre une rapide présentation du parcours de la personne. Avec…

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Qu’est-ce qu’un roman multivers ? À propos de « l’invention des corps » Pierre Ducrozet – Actes Sud 2017 #lacauselit – prix de flore 2017 –

 

Qu’est-ce qu’un roman-multivers ? La notion de multivers renvoie souvent à la science-fiction, parfois à la philosophie. Les romans proposent en général un monde, un univers. L’invention des corps est un roman-multivers. Edgar Poe, grand précurseur du multivers, relu et mis en musique par Jean-Clet Martin, a ouvert la brèche. Pierre Ducrozet y inscrit les fondations formelles de son opus 2017. La multiplicité des sens s’exprime dans chaque phrase comme un tatouage dans un corps, comme un code sur la toile. #43 et autres.
Le fait divers tutoie l’événement historique. Date-code : La nuit du 4 septembre 2014. 43 étudiants mexicains manifestants sont assassinés par la police locale d’Iguala. Les corps restent introuvables. Les faits, Ducrozet les fait proliférer dans la course d’Alvaro, jeune prof rescapé et témoin du massacre. Seulement voilà : « Témoigner, appeler, dénoncer, tout ça n’a aucun sens… ».

la suite ici :   http://www.lacauselitteraire.fr/l-invention-des-corps-pierre-ducrozet

 

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