Des hommes sont morts pour la liberté comme des hommes sont morts pour la foi. Ces élections aujourd’hui vous paraissent une formalité grotesque, universellement menteuse, truquée de toutes parts. Et vous avez le droit de le dire. Mais des hommes ont vécu, des hommes sans nombre, des héros, des martyrs, et je dii-ai des saints, — et quand je dis des saints je sais peut-être ce que je dis, — des hommes ont vécu sans nombre, héroïquement, saintement, dès hommes ont souffert, des hommes sont morts, tout un peuple a vécu pour que le dernier des imbéciles aujourd’hui ait le droit d’accomplir cette formalité truquée.
EXTRAIT DE
Péguy, Charles, 1873-1914. « Notre jeunesse. » Paris : Cahiers de la Quinzaine, 1910. iBooks.
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« Le gouvernement fait les élections, les élections font le gouvernement. C’est un prêté rendu. Le gouvernement fait les électeurs. Les électeurs font le gouvernement. Le gouvernement fait les députés. Les députés font le gouvernement. On est gentil. Les populations regardent. Le pays est prié de payer. Le gouvernement fait la Chambre. La Chambre fait le gouvernement. Ce n’est point un cercle vicieux, comme vous pourriez le croire. Il n’est point du tout vicieux. C’est un cercle, tout court, un circuit parfait, un cercle fermé. Tous les cercles sont fermés. Autrement ça ne serait pas des cercles. Ce n’est pas tout à fait ce que nos fondateurs avaient prévu. Mais nos fondateurs ne s’en tiraient pas déjà si bien. Et puis enfin on ne peut pas fonder toujours. Ça fatiguerait. La preuve que ça dure, la preuve que ça tient, c’est que ça dure déjà depuis quarante ans. Il y en a pour quarante siècles »
Extrait de: Péguy, Charles, 1873-1914. « Notre jeunesse. » Paris : Cahiers de la Quinzaine, 1910. iBooks.
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